Une demoiselle descend dans le jardin, gentil coquelicot, elle y cueille trois brins de romarin. Un rossignol se pose sur sa main, il parle latin et met en garde la jouvencelle. Les hommes ne valent rien et les garçons encore moins!
Cette naïve chanson aux accents bucoliques serait en réalité une fable moralisatrice qui met en garde les tendres jeunes filles contre les désirs des garçons. Le rossignol parle latin, il est savant et incarne l’ordre moral. Faut-il y voir une incarnation du clergé qui dans la société de l’époque imposait la bonne conduite?
Autre symbolique, botanique cette fois. Le romarin cueilli par la jeune fille était traditionnellement lié aux fiançailles et aux épousailles. On tressait des brins de romarin dans la couronne des mariées.
Quant au coquelicot, c’est encore plus parlant. Cette fragile fleur des moissons aux pétales écarlates évoque le moment où la demoiselle devient femme. Citons une expression un rien triviale mais que chacun comprendra: » avoir ses coquelicots », en usage au XIXe siècle, synonyme de « menstrues », tout aussi désuet.
Notons que dans la pharmacopée européenne, les pétales de coquelicot entraient dans la composition de remèdes contre les règles douloureuses.
Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés, la belle que voilà ira les ramasser.
Entrez dans la danse, voyez comme on danse, sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez!
Deux versions sont proposées: Mme de Maintenon aurait demandé au roi Louis XIV de faire couper les haies de lauriers du parc de Versailles. De trop nombreux rendez-vous galants s’abritaient derrière ces arbrisseaux et choquaient sa pudeur.
Une autre version dénoncerait l’interdiction des maisons de prostitution sous le règne de Louis XIV et ferait l’apologie de la liberté sexuelle: sautez, dansez et embrassez qui vous voudrez! Les maisons de passe arboraient au-dessus de la porte une branche de laurier, ce qui expliquerait le début de la chanson.
Qui l’eût cru? Bon, sans chercher de sens caché, allez vous promener dans les bois et admirez les gracieux coquelicots qui émaillent les prés.
A bientôt pour d’autres aventures Thérèse