Si la rose est la reine des fleurs pour sa beauté et son parfum, l’ortie est incontestablement la reine des adventices pour tous les bienfaits qu’elle nous procure.
L’ortie fait partie de la famille des Urticacées, comprenant 50 genres et 700 espèces réparties à travers le monde. Six espèces sont présentes en France (U.dioica, U.urens, U.membranea, U.pilulifera, U.astrovirens, U.sicula). Celles que l’on rencontre le plus fréquemment sont Urtica dioica (la grande ortie) et Urtica urens (la petite ortie).
C’est une plante élancée, aux feuilles opposées par paire, à la tige carrée. Les fleurs sont petites, rassemblées en grappes ou en boules, de couleur verdâtre. Elles ont 4 sépales mais pas de pétales et donnent naisssance à des fruits secs, les akènes. La présence de nombreux poils urticants sur la face supérieure des feuilles et sur la tige les distinguent des fausses orties (lamiers). L’ortie dioïque se propage par des racines traçantes de couleur jaunâtre. La petite ortie, plus brûlante, se ressème plus facilement.
L’ortie suit l’homme depuis la nuit des temps et prend possession des terrains riches en déchets organiques, du fait du bétail ou des humains. C’est une plante nitrophile (elle pompe l’azote en excès dans le sol) au même titre que le rumex, les chénopodes, les cirses, la bardane. Elle ne vit jamais seule et s’installe en massifs compacts formant de réels éco-systèmes abritant une myriade d’insectes, de chenilles, de larves de coccinelles.
Le poète britannique, Sir Thomas Campbell, mort en 1844 a écrit : « j’ai mangé des orties, j’ai dormi dans des draps d’ortie, j’ai dîné sur une nappe d’orties et les fibres des vieilles orties sont aussi bonnes que le lin pour faire des étoffes ». C’est dire la haute estime que l’on avait pour cette plante avant l’avénement de l’ère industielle et chimique.
Sa fibre solide et imputrescible a servi à fabriquer des cordages, des filets de pêche en Hollande et en Sibérie orientale. Pendant la 1ère et la 2ème guerre mondiale, des sacs à dos, des tentes et des tenues de camouflage ont été confectionnés à partir de sa fibre. Encore aujourd’hui, on peut s’habiller avec des vêtements en ramie (ortie exotique).
Ses propriétés antiseptiques et fongicides en font d’excellentes étamines pour filtrer le lait caillé servant à fabriquer le fromage.
La Banque de France l’utilise encore de nos jours pour fabriquer nos billets de banque !
Plante compagne et légume primitif, elle a été consommée depuis l’aube de l’humanité comme l’attestent les graines retrouvées par les archéologues sur les sites préhistoriques.
Par sa richesse en protéines végétales (2 X plus que le soja), en chlorophylle, en anti-oxydants, en vitamines ( B2, B5, C, E, K), en oligoéléments (cuivre, fer, soufre, manganèse, magnésium, silice et nickel), elle ne peut que nous être bénéfique à la sortie de l’hiver. Elle sera tout aussi profitable à nos animaux de basse cour. Je saupoudre volontiers les graines de mes poules avec des orties séchées et moulues.
On utilise les jeunes pousses, les feuilles tendres et sommités, principalement cuites. L’ortie peut aussi se boire en tisane, en limonade et même en version bière (en Belgique). Pour prolonger la durée d’utilisation, il suffit de faucher les orties et d’utiliser les repousses. Les fleurs et les graines peuvent être saupoudrées sur les plats en guise de condiment.
Elle est citée depuis l’antiquité par de nombreux auteurs : Dioscoride, Ovide, Galien et plus près de nous par Hildegarde de Bingen. Les propriétés médicinales ont été, depuis, vérifiée et expliquées.
En restant dans un cadre général, elle est reconnue pour être :
Elle est particulièrement conseillée en cure de printemps pour soutenir et renforcer notre santé.
Comme toute plante sauvage, elle est à récolter sur des sites non pollués, loin des champs traités et des routes.
Les brûlures que nous infligent les orties sont des réactions à un cocktail chimique complexe, riche en histamine, en formiate de sodium, en sérotonine et acétylcholine, contenu dans des pointes en silice très cassantes (les poils urticants). Il est possible de récolter les orties à mains nues à condition de les prendre par dessous mais il est préférable de le faire avec des gants.
En déposant les feuilles entre 2 torchons et en passant un rouleau à pâtisserie, on casse les dards. Il est alors aisé de les manipuler.
En cas de piqûre, frotter l’emplacement avec du plantain, de l’oseille, de la mauve, de la menthe, selon ce que vous avez à portée de main.
C’est une grande amie des plantes et de la terre mais, volontairement, je ne parlerai pas ici de ses propriétés phytosanitaires. Elles seront longuement expliquées dans le module de formation à venir.
Vous trouverez aussi quelques recettes de René à base d’orties dans la rubrique « Plaisirs culinaires » et, prochainement, un petit conte amérindien sur l’ortie dans la rubrique « Le coin des poètes ».
Pierrette
https://acjca-jardins-vivants.fr/lortie-soupe-ou-quiche/