Drôle de mot, un rien désuet: « blet »…Voyons d’un peu plus près ce que ça nous évoque.
Fernandel nous le chantait aux temps anciens:
Le homard avait du poil aux pattes, Félicie aussi
Elle prit une poire et des gaufrettes, la poire était blette
Félicie aussi!
Pardon Félicie, mais blet-blette peut se définir comme ramolli, dont la chair est gâtée, trop mûr…
Ce fruit un peu désuet- comme le mot blet- gagne à être connu. Le langage familier avait pour habitude d’attribuer à ce fruit peu de valeur: « ça vaut des nèfles » autant dire pas grand chose! Et pourtant, c’est une source de sucres, de fibres, de tanins, de cellulose et de vitamines variées. « Cul de chien » en Lorraine, la nèfle ne se consomme qu’après les premières gelées. Une fermentation se produit alors qui transforme les tanins et supprime l’astringence du fruit. La chair devient molle et sucrée, de couleur brune avec un goût de pomme. Cette réaction est appelée le blettissement.
Nous avons tous goûté de ces fruits qui nous font grimacer, âpres et astringents. Les tanins ne se mélangent pas avec la salive ce qui provoque cette réaction: les lèvres et les muqueuses se contractent donnant envie de cracher. Après les premières gelées qui vont accélérer le blettissement, ce phénomène disparait et le fruit est consommable. Les oiseaux le savent bien qui attendent pour y aller à coups de bec.
On peut citer le kaki, fruit du plaqueminier, l’alise, fruit de l’alisier (appelé aussi sorbe, fruit du sorbier), la prunelle, jolie drupe violacée, fruit du prunelier épineux . N’oublions pas le bien nommé « gratte-cul », autrement dit l’églantine rouge-orangé. On en confectionne d’excellentes marmelades à condition de s’armer de patience, le cynorhodon se mérite et se défend à coup de poil à gratter! De même, les olives n’en sont que meilleures et plus productives si elles ont pris une petite gelée.
Thérèse