Dans la série des dégâts occasionnés par la maniaquerie d’avoir un jardin « propre », penchons-nous aujourd’hui sur des victimes méconnues : les feuilles mortes.
Les feuilles mortes sont essentielles pour la santé des sols et la séquestration du carbone. Elles abritent une biodiversité riche et variée, et jouent un rôle crucial dans la croissance des plantes. Avant de les ramasser, il est important de se rappeler qu’elles enrichissent le sol en nutriments, maintiennent l’humidité et protègent les racines des plantes contre le froid. Laisser les feuilles mortes sur place contribue à un cycle naturel bénéfique pour l’environnement.
Les feuilles mortes sont essentielles au fonctionnement des écosystèmes forestiers. Lors de leur décomposition, elles libèrent des éléments minéraux indispensables au développement des arbres et enrichissent le sol en matière organique, contribuant à la séquestration du carbone. La vitesse de cette transformation dépend du climat, du type de sol et des essences présentes. Les résineux ont des litières moins facilement décomposables que les feuillus.
À la fin de leur cycle, les feuilles arrêtent de fonctionner. Les protéines azotées qu’elles contiennent sont converties en glucides, puis évacuées et stockées dans les parties vivantes du bois, comme l’aubier ou les racines Les feuilles mortes contiennent principalement du carbone, avec un rapport carbone/azote de 40 à 80. Certaines essences d’arbres ont des feuilles particulièrement riches en carbone, même lorsqu’elles sont vertes.
Les feuilles équilibrées, comme celles des aulnes, hêtres, arbres fruitiers, noisetiers, frênes et sureaux, ont un rapport carbone/azote de 25 à 30 lorsqu’elles sont vertes et de 40 à 60 lorsqu’elles sont mortes. Elles se décomposent plus rapidement que les feuilles carbonées.
Les feuilles carbonées, comme celles des chênes, bouleaux et érables, ont un rapport carbone/azote de 25 à 60 en vert et de 60 à 80 pour les feuilles mortes. Leur décomposition est plus lente, mais l’humus résultant est stable et durable. Le carbone est essentiel pour le compostage, car il structure le sol et empêche le compost de pourrir.
En surface, sous les feuilles de la litière, se cachent de nombreux animaux. En automne, l’humidité maintenue par les feuilles convient aux amphibiens comme la grenouille agile, la salamandre tachetée ou les tritons à présent en phase terrestre, mais aussi aux mollusques tels que les escargots et les limaces.
Les insectes profitent de la litière pour se mettre à l’abri du froid : les bourdons et les mouches se cachent sous les feuilles mortes dès les premiers frimas. On trouvera également des cloportes, des mille-pattes, des lombrics et des araignées (arachnides) parmi les espèces les plus connues.
Mais il en existe d’autres plus étranges et plus petits comme les acariens ou bien les collemboles, des Arthropodes pancrustacés sauteurs, ou encore le bousier, un scarabée coléoptère.
Par exemple, un sol forestier peut contenir jusqu’à 500 000 collemboles par mètre carré et 1 milliard de bactéries par gramme de sol. Ces organismes jouent un rôle crucial dans la décomposition des feuilles mortes et le maintien de la santé des écosystèmes forestiers.
Pour utiliser les feuilles tombées au sol, vous pouvez les regrouper en tas ou les laisser sur place si elles ne gênent pas vos plantations. Il est préférable de les enlever du gazon pour permettre à l’herbe de pousser librement et d’éviter les surfaces glissantes sur les allées.
Voici quelques idées pour tirer le meilleur parti des feuilles mortes :
Et bien sûr, vous pouvez aussi simplement vous amuser à faire voler les feuilles et à jouer avec elles !