Tout l’hiver, nous avions rêvé de nos jardins, de nos plantations. Nous avions démarré tôt nos semis dès janvier/février pour certains. Et voilà que, sitôt mis en terre, nos petits plants se font dévorer sans pitié par une horde de mollusques arrivée massivement. Les jardiniers concernés, quasi tous, cherchent des réponses auprès d’autres jardiniers tout aussi démunis malgré la prolifération de recettes anti-limaces.
Les limaces font partie des mollusques terrestres, présents sur terre depuis 543 millions d’années. Elles sont de la famille des gastéropodes comme les escargots et on en compte 400 espèces dans le monde dont une dizaine en France !
Le soleil est leur ennemi juré : déshydratation et assèchement de leur mucus signeraient leur mort ! C’est la raison pour laquelle elles sortent la nuit pour se nourrir et se cachent la journée dans des endroits humides et sombres (sous terre, sous des planches, sous des pierres…)
Elles sont particulièrement voraces, pouvant ingérer jusqu’à 50 % de leur poids en une seule nuit ! Leur odorat très développé (les 2 antennes du bas) leur permet de trouver leurs mets favoris à coup sûr. La forte concentration de limaces, cette année, fait qu’elles s’attaquent à toutes les plantes y compris celles qui sont censées être répulsives comme le thym, la menthe, la fougère, la prêle, le gaillet grateron.
Elles sont hermaphrodites, donc capables d’auto fécondation puisqu’elle sont mâles et femelles comme les escargots, les vers de terre et les sangsues. Mais les choses ne sont pas aussi simples : un accouplement permet un échange de spermatophores entre mâles puis, dans la phase femelle, il y a production d’ovules et fécondation.
Chaque individu pond de 300 à 500 oeufs, par paquets de trente à trente-cinq en terre, sous des mottes, dans des crevasses, sous des pierres, principalement d’août à octobre. Le naissain éclot dès que la t° extérieure est supérieure à 5°. C’est ce boom des naissances au printemps qui fait d’elles des ravageuses, donc l’ennemi N° 1 du jardinier !
Nous avons essayé les barrières anti-limaces comme le sable, les cendres, le marc de café, les coquilles d’œufs. Ces barrières peuvent gêner ou ralentir leur progression mais toutes sont franchies dès qu’elles sont mouillées. Idem pour ce qui est d’entourer les plantes avec de la prêle, de la fougère ou du gaillet grateron.
Les paillages avec des copeaux de bois, des paillettes de lin, de chanvre, de miscanthus, des aiguilles de résineux jouent un rôle de ralentisseur tant qu’ils sont secs mais sont inefficaces mouillés.
Si le jardinier est un tant soit peu maso, il peut essayer d’entourer les plantes à protéger avec des bogues de châtaignes mais, là aussi, elles passeront. Dans le jardin, elles font fi des épines de chardons !
La pose de filets de cuivre peut aussi être tentée : il faut les maintenir à la verticale et qu’ils aient une largeur supérieure à 7 cm. Les limaçons fraîchement éclos passeront au travers des mailles et les limaces cachées sous terre pourront quand même sévir dans le périmètre protégé.
Pour ce qui est de la protection des plantes en pots (terre ou plastique), il existe des bandes de cuivre à coller à leur base.
Les contenants en zinc (bassines, lessiveuses et autres récipients) ont fait leurs preuves pour ce qui est des cultures délicates comme des salades ou des hostas.
Les pulvérisations du sol avec des macérations de plantes (ail, rue) ou des purins (absinthe, armoise, fougère aigle) sont lessivées à la première pluie et sont donc à renouveler tous les 2 à 3 jours.
Piéger les limaces avec de la bière est une fausse bonne idée car les gastéropodes seront attirés dans vos jardins. Vous piégerez aussi des insectes auxiliaires.
On trouve sur le marché, des granulés à base de phosphate ferrique qui seraient sans danger pour les mammifères, les vers de terre et les oiseaux. Ils perdent cependant rapidement leur efficacité lorsqu’ils sont exposés à la pluie. A réserver à des cas autrement voués à l’échec comme l’implantation, par exemple, d’une jeune rhubarbe.
Même exaspéré par la destruction systématique de ses plants de courges, le jardinier ne devra, en aucun cas, céder à la tentation d’utiliser du sel de cuisine. Le nacl tuera les limaces mais aussi les plantes, les vers de terre, la micro-faune, les champignons.
Non testé : la lutte par des nématodes parasitant les limaces. Des produits existent mais pour quels effets secondaires ?
C’est en effet le seul moyen efficace pour réduire drastiquement les indésirables mollusques. Le ramassage se fait à la tombée du jour, tôt le matin avant le lever du soleil, après une pluie.
On peut aussi, simplement les couper en deux (couteau ou ciseaux). En les laissant sur place, leurs congénères nécrophages se chargeront du nettoyage.
En journée, ils peuvent être ramassés dans des pièges disposés volontairement : de vieilles planches avec pour appâts, des rondelles de pomme de terre ou de concombre. Un pamplemousse coupé en 2, évidé et muni d’une petite ouverture est absolument irrésistible.
Equipé d’une bonne frontale, le courageux jardinier pourra faire des « récoltes » spectaculaires entre 22h 30 et minuit.
Le jardinier qui voudrait les épargner évitera de les envoyer chez le voisin ! Il lui faudra se déplacer dans une zone sauvage (prairie, forêt), loin de toute habitation avant de les relâcher en espérant que les prédateurs naturels feront le ménage.
Dans notre jardin, nous les donnons à nos canards coureurs indiens qui s’en délectent.
Au risque de vous décevoir, je n’ai pas trouvé de solution miracle pour me débarrasser des limaces !
Mais faut-il vraiment essayer de les éradiquer ? Je ne le pense pas. Je vais donc, dans l’immédiat, continuer à réduire leur nombre puis je réfléchirai aux moyens à mettre en place pour arriver à vivre avec. Il va sans dire que je partagerai avec vous le résultat de mes expérimentations à venir.
En attendant le retour d’un temps sec, armons-nous de patience et de persévérance !
Pierrette
Elles sont partout, jusqu’au « Coin du rêveur » :
https://acjca-jardins-vivants.fr/terreur-du-potager/