Une vieille grange aménagée que nous avions baptisée « chalet », nichée contre une ferme de la vallée de Munster. J’avais dix ans et je ne savais pas encore que j’allais passer là les plus belles vacances de ma vie. J’ai côtoyé Catherine et ses fromages, Henri le fermier taiseux et son chien Turc. Et bien sûr, les vaches que nous menions au pâturage dans un concert de sonnailles.
Pas de voiture pour nous y conduire , nous grimpions dans un tortillard poussif que nous adorions mon frère et moi. Il nous menait depuis Colmar jusqu’au fond de la vallée et c’est à pied que se terminait le voyage…
Pendant ce temps, notre petit jardin colmarien prenait ses aises. Roses, glaïeuls, lys et clématites foisonnaient sans personne pour les admirer. Les tomates rougissaient et se gorgeaient de soleil. C’est alors que mon père décida qu’il fallait entreprendre une expédition – cueillette! Quelle chance! J’étais du voyage, eh oui, pour moi, c’était un vrai voyage…Tout d’abord, un autocar nous amena jusqu’à Munster suivi, bien entendu, du brinqueballant petit train. Rien que mon père et moi!
Le sac à dos de mon père se remplit rapidement. Quelques kilos de tomates, une ou deux courgettes, un concombre peut-être…Mes souvenirs sont un peu flous mais je me rappelle bien le bouquet de glaïeuls pour ma mère restée avec mon frère à la ferme. Point trop n’en faut, il faudra tout porter! J’ai dix ans et mon père est le plus fort!
Nous laissons derrière nous le jardin qui se rendormira jusqu’à la fin des vacances.
Nous voilà de retour à la gare de Munster. Une ou deux heures à attendre l’autocar pour boucler le voyage. Il fait faim et soif…Mon père m’emmène alors juste à côté de là, il avait repéré un petit troquet qui n’attendait que nous. Il faut savoir que nous n’allions jamais au restaurant et que la salade de cervelas-gruyère dégustée ce jour-là a dans mon souvenir une saveur exceptionnelle. D’autant plus que je partageais là un moment privilégié seule avec mon père…
Thérèse