» Le rouge-gorge est arrivé,
le gentil luthier des campagnes.
Les gouttes de son chant
s’égrènent sur le carreau de la fenêtre. »
René Char (1907/1988)
Rotkehlchen en Allemagne, pettirosso en Italie, nos amis anglais l’ont baptisé robin. Pas celui de la forêt de Sherwood, mais le sympathique rouge-gorge, petit passereau connu de tous.
Erithacus rubecula (de son nom savant) est si photogénique avec son jabot orangé qu’il illustrait volontiers les cartes de voeux enneigées aux temps anciens, lorsque les textos n’existaient pas encore! Je vous parle d’un temps….
Bonne année nouvelle.
De nombreuses légendes charmantes courent au sujet de ce passereau au jabot rouge-orangé. D’où lui vient cette tache?
Selon certains, perché sur le dos d’un aigle, il s’envola vers le soleil et se brûla les plumes. Dans la Rome antique, on pensait qu’il aurait volé le feu aux dieux pour le transmettre aux hommes. Les pays du nord de l’Europe le considèrent comme un guide spirituel et un messager entre le monde terrestre et l’au-delà.
Une croyance médiévale prétendait qu’en voulant retirer les épines de la couronne du Christ, quelques gouttes de sang tombèrent sur son poitrail, ce qui lui confère des qualités de compassion et de dévotion.
Brave petit piaf!
Rouge-gorge, aquarelle Emilie Frigeni.
Le rouge-gorge est un oiseau familier de nos jardins, il s’approche volontiers du jardinier qui gratte la terre dans l’espoir de grappiller quelque vermisseau. Peu farouche, il ne craint pas le voisinage de l’homme mais défend âprement son territoire devant l’intrusion d’un de ses congénères. C’est un insectivore qui ne dédaigne pas vers de terre, araignées, vers de farine, escargots, petits invertébrés, baies de la forêt. On peut l’aider par grands froids en lui procurant des petites graines, flocons de céréales et graisse non salée.
Quelle grâce!
Il était courant au XIXe siècle de consommer de petits oiseaux , notamment des rouges-gorges servis en brochettes par exemple. Un arrêté ministériel du mois d’avril 1981 interdit désormais de chasser, de détenir, de vendre, de transporter, de naturaliser, de consommer ces oiseaux sauvages comme notre rouge-gorge et bien d’autres comme le chardonneret élégant apprécié en captivité pour son chant mélodieux! Pourtant ces pratiques ancestrales ont la vie dure, comme la chasse à la glu. Si vous ne savez pas de quoi il s’agit, allez voir , c’est édifiant! De nombreux cas de braconnage sont encore signalés notamment dans le sud de la France, peu verbalisés malheureusement…
Pour ne pas rester sur une note pessimiste, terminons par un peu de poésie:
« Brume grise et froide
Qu’est-ce qui rend
Le rouge-gorge si bavard? »
(Haiku anonyme)
Et souvenons-nous…Aussi petite soit-elle toute vie se respecte.
Chante, petit piaf...