Les engrais verts sont des plantes à croissance rapide et produisant une biomasse importante, destinées à retourner dans le sol où elles ont poussé. Le but de ces semis étant d’augmenter la qualité et la fertilité du sol, de protéger la biodiversité dans le sol et de favoriser celle de la surface.
Ces plantes se trouvent principalement dans les trois familles qui suivent :
D’autres plantes n’ayant aucune parenté avec nos légumes peuvent aussi être utilisées : le sarrasin (famille des polygonacées), la phacélie (famille des hydrophyllacées, le lin (famille des linacées).
La bourrache (famille des borraginacées) peut elle aussi servir d’engrais vert et accessoirement, les épinards à condition de ne pas les consommer. Dommage quand on aime !
En tant que couverture végétale, les E.V. vont protéger le sol contre les différentes agressions par le soleil, le vent, la pluie et donc lutter contre l’érosion du sol. En empêchant la fuite des minéraux qu’ils stockent, ils participent à la préservation des eaux du sous-sol. De plus, ils empêchent les adventices d’occuper le terrain.
Par leurs racines, les E.V. vont décompacter et aérer le sol au grand bénéfice des plantes, de la micro faune et de la vie microbienne dans son ensemble. En mobilisant les minéraux plus profondément dans le sol que le commun des plantes, elles enrichissent le sol. Pour exemple : le sarrasin mobilise du phosphore, la bourrache mobilise du phosphore et du potassium, les brassicacées mobilisent du potassium, du phosphore et du soufre.
Les fabacées savent capter l’azote, le fixer en réalisant une symbiose avec certaines bactéries du sol (le fruit de cette symbiose est visible au nivrau des racines sous forme de petits nodules). Elles utilisent cet azote pour leur propre croissance et en se décomposant, elles le restituent au sol sous une forme disponible pour les plantes suivantes.
Les E.V. sont également capables de limiter la prolifération d’organismes pathogènes : la phacélie, la moutarde, le sarrasin sont particulièrement efficaces dans la lutte contre les nématodes.
La matière organique produite par les E.V. va augmenter la litière de votre jardin et ainsi participer à la formation d’humus.
Les E.V. peuvent se semer au printemps, dès le mois de mars, pour occuper le terrain et éviter les adventices. Sont alors indiqués la moutarde, la phacélie, le sarrasin, le lin bleu. Au bout de deux mois, vous opterez soit pour un fauchage, soit pour un roulage qui équivaut à écraser les plantes. Il convient de les laisser sécher au sol et ils pourront être enfouis superficiellement. Les plantations pourront démarrer un mois plus tard.
A l’automne, sur les parcelles libérées, ils pourront être semés jusqu’en octobre ; seigle, orge, avoine occuperont ainsi le sol tout l’hiver. Le sarrasin est également possible mais il gèlera à – 15°. En avril, on procédera de la même manière que précédemment. Si la biomasse est trop importante, vous pourrez passer la débroussailleuse.
Le semis ne pose pas de problème particulier pour la plupart des E.V. : il se fait à la volée après griffage du sol et ne nécessite pas d’arrosage. La levée est, en général, très rapide. La phacélie fait exception : elle a besoin d’être au noir pour lever. Il faut semer, recouvrir d’une couche de terreau et plomber.
La principale précaution réside dans le respect des rotations pour éviter un déséquilibre en substances nutritives et éviter la propagation de maladies. Par exemple, si vous semez des E.V. de la famille des brassicacées (moutarde, colza, radis fourrager), il vous faudra attendre 3 ans avant de replanter au même endroit des plantes de la même famille comme des choux, des navets, de la roquette. Pour les mêmes raisons, si avez semé des E.V. de la famille des fabacées (soja, trèfle…), vous éviterez les petits pois, les fèves, les haricots.
Il conviendra aussi de tenir compte de la nature de son sol. En effet, si la plupart des E.V. s’adaptent à tout type de sol (avoine, seigle, orge, moutarde, phacélie, lin, gesse, trèfle incarnat) d’autres ont des préférences :
Bon à savoir, plus les plantes sont jeunes et bien vertes, plus elles apporteront d’azote une fois réincorporées dans le sol. En vieillissant, elles seront plus ligneuses et apporteront du carbone. Certaines d’entre elles, à la floraison, attireront bien des pollinisateurs en plus d’égayer le jardin et de réjouir les jardinier et jardinières.
Il est aussi bon de se rappeler que la terre n’aime pas être nue ! Sans paillage ou sans couverture végétale par des E.V., le sol se rhabillera de toute façon avec les graines qu’il a dans sa propre « grainothèque » : mouron, plantain, chénopodes, amarantes et autres adventices.
Il ne me reste qu’à vous souhaiter de belles expérimentations !
Pierrette